Charles Nungesser prononcez [nain-g-serre] était l'un des as des as, ces fameux chevaliers du ciel qui, au temps des prémices de l'aviation militaire, se battaient au-dessus du théâtre d'opération de la Grande Guerre.
"Nungesser passe son enfance à Valenciennes où il apprend la mécanique et l’électricité. Il rêve d’évasion et de grands espaces : l’Argentine lui paraît convenir. Il part et, dans ce pays à peine touché par la civilisation, se lance à corps perdu dans les aventures les plus risquées : rodéos, courses automobiles ou motocyclistes, combats de boxe... Août 1914, la mobilisation ramène Charles en France. Il est affecté, comme simple cavalier, au 21 régiment de hussards. Moins d’un mois après son incorporation, le cavalier Nungesser fait parler de lui. Seul, en enfant perdu, il franchit les lignes et tombe, le 3 septembre 1914, sur une puissante automobile Mors transportant quatre officiers supérieurs allemands porteurs des plans d’une attaque en préparation. Nungesser capture le groupe chamarré, attache son cheval derrière la voiture, et regagne triomphalement les lignes françaises au volant de la Mors. Il lui faudra pas mal de ruse pour que, simple cavalier, il puisse conduire sa prise de guerre jusqu’au quartier général du secteur. Il y parviendra quand même et remettra lui-même au général ses quatre prisonniers et leur précieux plan. Ce général, dont l’histoire n’a pas conservé le nom, était probablement un adepte d’Alphonse Allais car il baptisa Nungesser " le hussard de la Mors" et, comme il était aussi généreux, il fit cadeau de la voiture au cavalier et autorisa sa mutation immédiate dans l’aviation, réservée à l’époque à une élite sociale dont Charles ne faisait pas partie". ( Histoire du monde )
Par suite Nungesser multiplia les victoires aériennes. Plusieurs fois blessé, il dut souvent braver la mort.
Symbole de courage et de ténacité face à l'adversité, Nungesser allait devenir un véritable mythe avec ses 43 victoires (homologuées).
Après guerre, en 1927, il tenta avec son mécanicien Coli la fabuleuse aventure de la traversée de l'Atlantique.
Cette tentative, officiellement, échoua. Les corps des 2 aventuriers ne furent jamais retrouvés.
Mais la légende veut que l'exploit eût bien été réalisé. L'avion se serait en effet écrasé à l'atterissage, sur une plage non loin de New York... à telle enseigne qu'un journal fit sa une sur l'évènement !
Une telle fin allait renforcer le mythe.
Parti sur son avion, l'Oiseau Blanc , il devait tragiquement rejoindre les anges.
Voici le monument dédié à Nungesser & Coli, bâti sur les falaises d'Etretat, d'où ils étaient partis. C'est l'endroit où ils ont été officiellement vus pour la dernière fois. Il s'agit d'une aiguille pointée vers le ciel. On aperçoit entre les jambe de l'aiguille, dans son prolongement, la chapelle Notre-Dame de la Garde. Tout cela donne un lieu de recueillement magnifique, entre terre, mer et ciel.
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Reposons nos pieds sur terre, ainsi que la question : pourquoi Nungesser ?
En tout premier lieu, Charles Nungesser est valenciennois. Or Valenciennes est pour ainsi dire mon fief familial. Si certains se ressentent arméniens, marocains ou italiens de par leurs racines, moi je me ressens valenciennois. C'est ainsi, l'accent du nord, même faible, me chauffe inévitablement le coeur. Les noms de villes voisines de Valenciennes résonnent en moi comme pourraient le faire des prénoms de cousines éloignées. J'aime "ce pays", car il y a là-bas une part de moi-même. Je revois les visages de mes aïeux, mes souvenirs d'enfance. Je m'émeus rien que de l'écrire...
... passons, et atterrisons au deuxième lieu. Charles Nungesser aura son nom à jamais lié à Etretat. Or je voue une tendresse toute particulière pour cette charmante commune de Seine-Maritime. Etretat c'est pour moi les fabuleuses esquisses de Claude Monet, c'est aussi le style architectural normand: boisé, robuste, rassurant et chaleureux. Etretat c'est au fond de moi une matérialisation d'un certain romantisme français, de la France de Maupassant, de l'impressionnisme, des aventuriers, de la découverte des vacances à la mer... J'écrirai sûrement une page plus complète au retour de mon prochain séjour là-bas.
En dernier lieu, Charles Nungesser est le héros que le petit garçon que j'étais admirait. Ce petit garçon est toujours là, c'est comme si je le tenais par la main. Il se rappelle à moi, parfois, et notamment pour se replonger dans certaines aventures extraordinaires, comme celles du Capitaine Nungesser...
Pour finir, Charles Nungesser était un héros des temps modernes, un chevalier courageux, qui avait le goût des voyages et de l'aventure. En la vivant si intensément, il aimait sûrement la vie ... et la vie devait sûrement l'aimé, lui, le "Hussard de la Mors". Si jamais je n'aurai le courage de cet homme, en revanche, j'espère acquérir un jour sa ténacité et puis vivre un peu plus longtemps que lui !
En attendant il sera pour moi un symbole de liberté et de courage, en fait un symbole d'indépendance, et c'est ce qu'il y a de plus cher à mes yeux.
[ Il est bon de garder des idéaux pour continuer son chemin ]
à 11:53